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Blauer Bunker de l’artiste allemand Thomas Schütte est une maquette pour une casemate sphérique avec un escalier monumental et une porte circulaire en guise de portail avant. L’ensemble est posé sur une plaque qui repose à son tour sur une construction en bois à l’aspect de tréteaux. Le bunker lui-même est peint en bleu vif. La plaque est partiellement recouverte de coups de pinceau bleu. Aux murs, à côté du bunker et derrière celui-lui, sont accrochées trois feuilles de papier peintes en orange sur lesquelles on reconnaît des formes végétales simples.

Blauer Bunker ressemble à une maquette d’immeuble qui pourrait être construit. Mais Schütte en fait une sculpture. L’objet, tel que présenté, est une œuvre d’art et ne fait pas réellement office de maquette. Schütte procède assez souvent de la sorte. Ses maquettes servent en fait de « modèles de pensée » : à travers des propositions de bâtiments, Schütte interroge la fonction et la position de l’art et de l’artiste dans la culture contemporaine. Une casemate est un abri en temps de danger, tant pour les êtres humains que pour les œuvres d’art. Par ailleurs, il s’agit aussi d’un lieu dans lequel on est isolé de son environnement. Par l’entrée monumentale, le bunker de Schütte devient un édifice imposant et impressionnant, comme un musée, mais fait aussi penser à l’architecture utopique du XVIII^e siècle. La forme parfaitement sphérique symbolise la perfection et le sublime.

La maquette de Schütte soulève des questions à l’égard du musée en tant qu’institution. Si le musée est un lieu sûr pour conserver des œuvres, à quel point est-il toutefois accessible, au sens propre et figuré ? Dans sa maquette, Schütte hisse très haut le seuil et l’entrée et rend la sphère littéralement inaccessible en la privant de porte. L’entrée n’est qu’une apparence. Les feuilles de papier au mur contrastent fort avec le bunker ; orange vs bleu, nature fragile vs architecture puissante. La présentation des deux éléments – la maquette et les feuilles – recèle quelque chose de provisoire. Les feuilles de papier ne sont attachées au mur que par le dessus, au bas, elles se recroquevillent un peu. La construction en bois sur laquelle repose la casemate semble avoir été assemblée de manière tout aussi rapide et nonchalante. Schütte nous fait une proposition, nous présente une esquisse, et s’abstient de donner une réponse définitive.

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