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Nous reconnaissons un piano que nous considérons comme un instrument de musique, mais l’artiste ne montre que l’illusion que nous nous en faisons. Le piano est non seulement injouable, ce n’est même pas un piano. Il n’est là que pour la forme, comme apparence psychique qui attire l’attention du spectateur. La surface bleue réfléchissante qui recouvre l’objet et supprime définitivement la nature pianistique de l’objet reflète le monde muséal extérieur et chaque regard curieux. Luc Tuymans pointe la blancheur virginale de cette composition sereine que vient troubler la brutalité du verre bleu. Le piano est posé, dans l’espace, à même le sol, entre les dessins brûlés de Tretiakoff et la majesté d’un tableau du Caravage.

Texte: Hans Willemse
Traductions: Isabel Grynberg