La collection XXVI – Les années Artefactum
La sculpture Portable glory se compose de deux colonnes quasi identiques en aluminium ondulé. Haute de 2m55, elles s’érigent bien au-dessus des spectateurs, mais le matériau utilisé leur confère un aspect creux, factice et éphémère. Elles sont posées sur le sol, sans socle, et donnent l’impression que l’on peut les soulever et les emporter. Le motif des colonnes rappelle l’architecture classique; le matériau fait par contre référence à l’architecture contemporaine. Les références architecturales se limitent cependant à la forme et au matériau: les colonnes ne soutiennent rien et n’ont aucune valeur fonctionnelle. Aux mains de Kate Blacker, l’architecture devient sculpture.
Les ornements sur les colonnes, les couronnes de laurier, réfèrent également à l’Antiquité. Elles évoquent la victoire, le triomphe, la gloire. Parallèlement, elles donnent un aspect plus humain aux colonnes. Obtenues à partir de triangles métalliques recourbés, elles ressemblent aussi à des couronnes d’épines acérées et suggèrent la douleur, la risée et la mort. L’emplacement des couronnes de laurier sur les colonnes est ordonné selon le principe stylistique classique de la symétrie inversée. Si l’on considère les colonnes comme des personnages, une couronne se situe au niveau des lombes (le danger du désir et de la convoitise, l’on pense par exemple à la nymphe Daphné qui se transforme en laurier pour se protéger de la concupiscence d’Apollon) et l’autre couronne est placée à hauteur du cœur (l’on peut penser au cœur transpercé du Christ sur les tableaux de Crucifixion).
Le titre Portable glory indique-t-il que l’on emporte toujours sa gloire et sa victoire avec soi et qu’elles rendent immortel? Ou l’artiste fait-elle référence à l’expression anglaise go/send to glory (aller/envoyer ad patres)?