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INBOX: Annick Nölle – HOT COMPOST

image: © Dominique Thirion
08 October - 14 November 2021
M HKA, Antwerp

En deuil

L’œuvre d’Annick Nölle m’a toujours semblé légère, versatile même, libre d’esprit et toujours aussi positive – c’est pourquoi j’ai été un peu inquiet de trouver la référence au deuil dans cette installation… Pleurer la perte de quelque chose ou de quelqu’un, c’est voir le passé – le revoir, le revisiter. Peut-être que ma vision d’une artiste insouciante et inlassablement positive n’est que le fruit de mon imagination, inspirée des occasions où j’ai eu le privilège de travailler avec elle par le passé, comme pour l’installation A Ripple in the Stuff of the Universe [Une ondulation dans la matière de l’univers], qui fait partie de la série Ramble [Divagation] au musée Felixart, et certainement pour les divers ‘Jaarlijks Verlof/Vacances Annuelles’ et les différentes interventions lors des ‘Laboratoires Patacyclistes’ et des projets collectifs, tels que Le Cadavre Exquis dans la rue de Flandre.

Annick m’a dit: "Aborder la question du deuil est un moyen de parler de la façon dont nous, les humains, nous gérons nous-mêmes et gérons notre environnement dans cette société spécifique en ce moment précis. La manière dont nous portons le deuil, ou plutôt dont nous ne le portons pas, est à mon avis une question sérieuse qu’il nous faut affronter, pour l’amour du ciel. Dans notre société, beaucoup de tristesse refoulée se transforme en violence. Je considère le deuil comme un processus d’assimilation de l’écart entre ce que nous désirons et la réalité et comme une possibilité de créer de l’espace pour quelque chose de nouveau". 

Dans son œuvre précédente, A Ripple in the Stuff of the Universe, Annick Nölle faisait référence à la littérature de Mark Twain et a sous-titré la section ‘Wild is the Wind’ [Sauvage est le vent] par une citation: ‘Light out for the territories’ [Lumière éteinte pour les territoires]. Cela représente le souhait d’un paysage sans organisation, mais rempli de potentiel, à l’image du champ ou du nuage de potentialités de la théorie quantique des champs – qui a également émergé au début du XXe siècle.

Les matériaux renvoient à une époque où les dons de la nature semblaient encore abondants et où la vie n’était pas encore aussi marchandisée qu’elle l’est aujourd’hui ; la liberté de pensée, aussi factuelle soit-elle, est mise à rude épreuve par toutes sortes d’applications qui influencent ou affectent notre comportement sans que nous nous en rendions compte.

‘Devenir plus conscient’ est l’un des aspects présentés ici dans un tourbillon de potentialités, dans lequel le découpage de dessins d’intestins – contre le vent – devient un moyen de faire référence non seulement au microbiome, mais aussi à ce que nous appelons tous intuition ou ‘sentiment viscéral’.

Le sarrau de peintre de l’invitation et de la performance rappelle les peintres d’antan, et sa longueur rappelle l’œuvre de Gabriele Münter (non seulement ses tableaux, mais surtout les photographies d’un grand intérêt anthropologique qu’elle a réalisées lors de sa visite dans le Midwest américain au début du siècle précédent), qui, avec Kandinsky, a franchi la barrière de l’abstraction dans la culture occidentale en 1911… Une époque tempétueuse qui se reflète ici: les différents sols, de couleur terre et translucides, peuplés d’un nombre indéfini de pensées figuratives, fragmentaires et abstraites – mises sur papier et coupées, collées, arrangées et juxtaposées à nouveau par des manipulations répétées – qui se rapportent à des réflexions personnelles ainsi qu’à des notions de communication non violente, recherchant du lien en vue de nouvelles solutions à d’anciens problèmes… Un peu comme si Max Plank sortait des sentiers battus et faisait appel à son imagination pour résoudre des problèmes insolubles par des méthodes classiques.

L’œuvre d’Annick Nölle évolue sans cesse, tout en conservant un lien avec les incarnations précédentes. C’est précisément lorsqu’on croit l’avoir comprise que survient la surprise et que rien ne semble être en place; soit elle tourbillonne dans un nuage de potentialités, soit elle s’attarde un instant, comme dans une ‘dérive’ ou ‘un déjeuner sur l’herbe’, dont tous les éléments seraient apparemment désorganisés et éparpillés sur la couverture, par terre ou dans l’air, où les plats et les délicatesses seraient mêlés aux tracts et aux textes, aux sentiments sincères et aux rires francs. Une conversation inspirante de signes et d’idées qui, à un moment donné, fait tourner la tête au point qu’on ressent le besoin d’un moment de repos, dans lequel on peut encore percevoir le doux borborygme de la digestion.

 

Chris Straetling (en coopération avec Annick Nölle)

 

Lors du vernissage le 7 octobre 2021 à 20h, Annick Nölle présentera la performance HOT COMPOST dans INBOX.

Les dimanches 17 octobre et 14 novembre, de 14h à 18h, elle sera également présente pour ses ‘Jaarlijks Verlof/Vacances Annuelles: Open Studio’.