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INBOX: George Smits. Épisode 2: MAFprint experimentele zeefdrukken & affiches / Underground comics 'De verhalen van Jan' / Super 8 films 'The Colour Company Presents' / Schilderijen

©Courtesy of the Estate George Smits, Antwerp
Ave Dollar, 1972
Epreuve , 100 x 100 cm
zeefdruk op acetaat, ingekleurd en gepresenteerd voor aluminiumfolie

Lumière et couleur

Avec ses sérigraphies, ses installations lumineuses et ses peintures, George Smits ne poursuit qu’un seul et même objectif : faire vivre au spectateur une expérience à double sens, du « ciel » à son âme et inversement. Cette description peut paraître un peu éthérée, mais pour qui contemple et prend plaisir à l’éclat de la lumière et de la couleur, elle devient très concrète.

En 1980, George Smits rédige un commentaire explicatif de ses idées et réalisations autour de la lumière et de la couleur.

« Il y a trois ans, j’ai réalisé une série d’œuvres selon ce procédé. Sur de l’acétate transparent, j’ai imprimé ou peint des couleurs. Une feuille, présentée devant un morceau de papier aluminium décoloré, est éclairée de manière soudaine ou progressive par un spot puissant. J’ai trouvé que l’effet était beau, mais j’ai hésité quant à la valeur des matériaux utilisés et j’ai entamé autre chose. Par hasard, j’ai lu l’ouvrage Heaven & Hell d’Aldous Huxley dans lequel j’ai trouvé l’explication de l’objectif d’une telle œuvre, une explication que je ne pouvais pas formuler moi-même. Cela m’a incité à entreprendre une nouvelle série. Ce sont à nouveau des “symboles” (…). »

Ci-dessous, un passage du livre cité précédemment comme introduction à la contemplation de cette œuvre :

« Le paradis semble, selon le christianisme, l’hindouisme, le bouddhisme ou l’islam, être rempli d’immeubles, qui scintillent de pierres précieuses, à l’instar des arbres, des cours d’eau, des collines et des montagnes. Le ciel est-il un lieu de pierreries ? Comment cela ? L’être humain consacre énormément de temps, d’argent et d’énergie à la quête de pierres précieuses. Pourquoi ? L’avantage utilitaire de cette matière n’explique pas ce comportement fantastique. Cependant, dès que l’on considère les propriétés des expériences visionnaires, tout s’explique.

En vision, on perçoit une profusion de ce qu’Ézéchiel appelait des “pierres de feu”, ou ce que Weir Mitchell décrit comme des “fruits transparents”. Ces choses sont phosphorescentes, possèdent une brillance de couleur et une signification surnaturelles. Les objets matériels qui ressemblent le plus à ces sources de brillance surnaturelle sont les pierres précieuses. Posséder une telle pierre signifie posséder quelque chose dont la valeur est démontrée par le fait qu’elle existe dans un “autre monde”. Les pierres précieuses sont si précieuses parce qu’elles sont un pâle reflet des miracles flamboyants vus par l’œil intérieur de l’observateur. “Le visage du monde” dit Platon “est une vision pour bienheureux, car c’est une bénédiction de pouvoir voir les choses comme elles sont.” » (traduction libre)

Ce retour à la source n’est pas purement symbolique ; il s’agit également d’une question d’expérience directe. Le trafic entre notre ancien monde et ses antipodes, entre « ici » et « là-bas », est à double sens. Les pierres précieuses, par exemple, proviennent du ciel visionnaire de l’âme, mais ramènent aussi l’âme au ciel. On se sent « transporté » vers cette « autre terre » du dialogue platonicien, le lieu magique où tout caillou est pierre précieuse.

On atteint le même effet avec des œuvres en verre, en métal, avec du feu d’artifice dans l’obscurité, avec des représentations aux couleurs étincelantes et avec des joyeux, des fleurs, des coquillages, des plumes ou des paysages vus comme Shelley voyait Venise baignée dans l’extraordinaire lumière du lever et du coucher du soleil qui modifie tout. »

“There is something so different in Venice from any other place in the world, that you leave at once all accustomed habits and everyday sights to enter an enchanted garden.” 'Lines Written among the Euganean Hills' By Percy Bysshe Shelley. [« Venise a quelque chose de si différent de tout autre lieu dans le monde que l’on y abandonne d’un coup toutes ses habitudes et visions quotidiennes pour entrer dans un jardin enchanté. »] (traduction libre)

Qu’il s’agisse de sérigraphies fluorescentes aveuglantes, d’installations lumineuses aux couleurs chatoyantes du spectre ou de couleurs profondes de peinture à l’huile, l’intégralité de l’œuvre de George Smits est sous-tendue par un objectif commun : éveiller ici et maintenant une expérience « céleste » concrète chez le spectateur.