Just testing with the M HKA Content!!

INBOX: Leendert Van Accoleyen – TRANSPORT VERS MARS

image: (c) Leendert Van Accoleyen
08 March - 31 March 2019
M HKA, Antwerp

Le M HKA réserve le cinquième étage à des interventions surprenantes et à des présentations pop-up intimes. INBOX est un lieu qui inspire et qui surprend, et nous permet de jeter un coup d’œil dans l’univers de penseurs et d’acteurs enthousiastes. Avec INBOX, le M HKA crée un espace pour un certain nombre de questions qui sont souvent posées au musée.

Pendant les périodes entre les différents événements, nous y montrons une sélection d’œuvres de notre collection, en prêtant une attention particulière à l’art vidéo.

L’accès à l’espace INBOX est libre.

 

TRUBLION

À l’heure où j’écris ce texte, je n’ai aucune idée de ce que Leendert Van Accoleye a prévu pour l’INBOX au M HKA. Peut-être n’en a-t-il lui-même encore aucune idée et peut-être l’organisation du M HKA procède-t-elle aussi à tâtons ? Ce qui ne pose aucun problème. Je pars de l’idée que ce jeune artiste saisira des deux mains l’opportunité qui lui est offerte en tant que lauréat du Prix Hugo Roelandt. Toujours est-il que je suis curieux, car je connais l’artiste depuis un certain temps.

Chaque organisation a un besoin d’un trublion, d’un individu ou d’un petit groupe d’individus qui irrite l’autorité et la maintient vigilante. Jusqu’il y a peu, Leendert Van Accoleyen était ce trublion à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Anvers. Lorsque j’ai vu son travail pour la première fois à l’occasion d’une évaluation à mi-parcours dans l’atelier de sculpture, cela m’a fait penser aux anti-machines cliquetantes de Jean Tinguely. Je crois me souvenir qu’à ce moment-là, Van Accoleyen ignorait tout ou à peu près tout sur Tinguely. Ce qui ne m’a d’ailleurs pas étonné, car Van Accoleyen n’assistait jamais jusqu’au bout à mes cours intitulés « Art contemporain : les néo avant-gardes ».

Le caractère statique, monolithique de la sculpture traditionnelle ne lui parlait pas davantage. Progressivement, ses objets mouvementés et en mouvement ont adopté un caractère résolument performatif. Au moment où Van Accoleyen a entrepris des expérimentations avec des fours qu’il a lui-même conçus et construits, il a touché à quelque chose de nouveau et d’aventureux. Grossièrement cimentés ou soudés, ses fours à bois rudimentaires ne crachaient pas seulement des nuages et des étincelles, mais produisaient aussi des bruits bizarres. Dans leur chaleur fébrile et leur rayonnement étrange, ces sculptures ressemblaient à des créatures vivantes qu’il fallait constamment nourrir, augmentant considérablement l’empreinte écologique de l’Académie entre-temps.

À une autre occasion, lors d’un jury à Extra City, j’ai vu Van Accoleyen escalader avec l’agilité d’un singe une sculpture délicate faite de poutrelles pour finalement s’installer sur une chaise, à environ six mètres du sol, juste en dessous du plafond de l’espace d’exposition. La question qui se posait alors était : où s’arrête la sculpture, où commence la performance, et inversement. Par cette confusion de deux cadres (le sculptural et le théâtral), Van Accoleyen agissait une fois de plus en trublion, d’autant plus que son action comportait un refus clair et net de dévoiler quoi que ce soit sur son œuvre ou sur ses sources d’inspiration (« recherche préparatoire »).

C’est aussi vers cette époque que j’ai compris que Van Accoleyen vivait et travaillait dans une grande camionnette qu’il avait aménagée de ses propres mains en espace de vie et de travail. Cela lui permettait d’installer son habitation/atelier mobile où cela lui semblait nécessaire. Régulièrement, cela s’avérait être le parking de l’Académie (interdit aux étudiants) ; un emplacement qu’il a aussi utilisé pour fixer un tuyau en plastique sur la façade de l’école ou pour y déposer du matériel. En outre, la manière dont il avait transformé son espace de travail en dépôt permanent de matériel de récupération et de travail causait régulièrement des nuisances et forçait la direction à intervenir physiquement.

Le prénom de Leendert était donc devenu quelque peu synonyme de situations imprévisibles et « d’extinction d’incendies ». Mais son travail pouvait et peut compter sur une estime unanime, aussi bien de la part des étudiants, des professeurs que des membres externes du jury. Aussi l’Académie confie-t-elle à présent, avec un mélange de fierté et de soulagement, Van Accoleyen au domaine professionnel. Diplômé avec mention dans les arts libéraux, Leendert Van Accoleyen est désormais le rêve et le cauchemar du commissaire d’expositions. Nous espérons qu’il continuera longtemps à être ce grain de sable dans les rouages. De notre côté, nous avons d’ores et déjà accompli notre devoir.

Johan Pas, Anvers, février 2019