INBOX: Maen Florin – Sculptures

Le M HKA réserve le cinquième étage à des interventions surprenantes et à des présentations pop-up intimes. INBOX est un lieu qui inspire et qui surprend, et nous permet de jeter un coup d’œil dans l’univers de penseurs et d’acteurs enthousiastes. Avec INBOX, le M HKA crée un espace pour un certain nombre de questions qui sont souvent posées au musée.
Pendant les périodes entre les différents événements, nous y montrons une sélection d’œuvres de notre collection, en prêtant une attention particulière à l’art vidéo.
L’accès à l’espace INBOX est libre.
Le sculptures de Maen Florin semblent ne pas vouloir parler ; souvent, elles ferment les yeux, détournent le regard. Font semblant de ne pas vous avoir vu. Un tel constat implique inévitablement que les sculptures de Maen Florin ont un aspect « anthropomorphe ». Elles possèdent des traits humains, mais aussi « inhumains », leur anatomie est souvent bizarre : grandes oreilles, long nez, bouche tordue, yeux baissés ou non, membres tors, poitrine creuse… Ce sont des personnages issus de contes pas très joyeux, de rêves inconfortables ou de cauchemars bienveillants.
Les sculptures sont réalisées en terre glaise, différents textiles, plâtre, époxy, polyuréthane, etc. ; de plus en plus souvent en céramique ces dernières années. Elles sont posées au sol, sur des socles ou des tables, semblent regarder dans le vide, marmonner sans bruit, en se désintéressant de manière indéfinissable du spectateur, donc de vous et moi. Les œuvres sont « down to earth », sobres, elles ne nous écrasent pas par leur volume, dénuées autant d’hédonisme esthétisant que de forfanterie et d’horreur hollywoodiennes. Ce sont des figures humanoïdes, comme nous en voyons lorsque nous sortons de notre cocon et que nous contemplons avec une anxiété existentielle l’humanité qui tourne mal. Souvent, elles ont été peintes, comme si leurs couleurs devaient évoquer un certaine (in)quiétude, ou au contraire la masquer.
D’autres l’ont déjà écrit : les sculptures mi-joyeuses, mi-lugubres de Maen Florin se glissent dans l’interstice entre humour et tragique, entre vacarme et silence, entre résignation et agressivité, entre rêve et cauchemar, et d’autres couples de mots pourraient s’ajouter à cette liste. Mais avant toute chose, il y a cet effet de camouflage mental. Rien n’est ce qu’il semble : les sculptures, leurs corps aussi bien que leurs têtes, ne se laissent pas sonder, elles se dérobent. Elles ne font que projeter la propre (in)quiétude du spectateur – nous y revoilà. On voit en elles ce que l’on veut (ou non) y voir, dans un reflet imaginé.
Si nous cherchons à comparer l’œuvre de Maen Florin avec celle d’autres artistes contemporains, nous nous retrouvons quelque part dans la zone crépusculaire entre le silence assourdissant de Juan Muñoz et le vacarme inaudible de Paul McCarthy. En somme, que fait une bonne sculpture, une sculpture forte ? Elle retourne le regard du spectateur, et déclenche quelque chose. Mais elle ne répond pas, elle se tait et attend. Indéfiniment, s’il le faut. Regarder les sculptures de Maen Florin, c’est attendre ce qui ne viendra pas. La stupeur est assez écrasante.
Marc RUYTERS
février 2017
Traduction : Kim Andringa
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