INBOX: LIVINUS – pour L'AVENIR

"Dans un certain sens, j’estime paradoxal le fait qu’au XXe siècle, on compose avec les moyens du XVIIe. "
LIVINUS: pour L’AVENIR porte un regard rétrospectif sur l’horizon progressant d’un visionnaire. Toute sa vie durant et avec la lumière comme leitmotiv, Livinus van de Bundt (1909-1979) a tenté de déplacer les limites des arts (plastiques) au moyen de la technologie et de l’expérimentation. Il s’avère toutefois que son regard résolument tourné vers l’avenir est daté. Encensé dans les années 60, son art de la lumière attend sa place dans l’histoire de l’art, une tache aveugle que cette exposition souhaite sortir de l’ombre pour la placer sous les feux de la rampe.
Il est significatif que Livinus ait entamé sa carrière expérimentale dans les années 30 par la destruction de ses toiles, qu’il trouvait ’insuffisamment luminescentes’. Au cours du trajet graphique en noir et blanc qui s’en est suivi, l’artiste a réalisé, entre autres, des impressions en relief ou gaufrages, une technique graphique sans encre, dans laquelle l’image se constitue uniquement à la faveur des nuances de lumière produites par le relief.
Les ‘photo-peintures’ des années 50 sont néanmoins considérées comme le point d’orgue de l’aspiration de Livinus à transformer la peinture et à la hisser aux normes de son temps. Inspiré, entre autres, par les photogrammes de Moholy-Nagy, Livinus a développé, tout en bricolant, une technique qui lui permettait de créer la forme et la couleur avec la lumière elle-même, sans intervention du pinceau ni du burin. En passant un rayon lumineux sur une émulsion photographique, des compositions abstraites se formaient. Dans cette exposition, elles sont aussi bien projetées sous forme de diapositives que présentées dans leurs caissons lumineux originaux.
À partir du début des années 60, Livinus insère du mouvement dans ses ‘photo-peintures’ à l’aide d’un projecteur analogique entièrement fabriqué de ses mains : la machine ‘lumino-dynamique’, un orgue de couleurs à la dimension musicale implicite. Influencé par Nam June Paik, il intégrera finalement la composition de lumière, de mouvement et de son surtout au sein d’œuvres vidéo. Avec son fils Jeep, Livinus peut d’ailleurs être considéré comme l’un des pionniers de ce média aux Pays-Bas.
Bien que les expérimentations et les appareils de Livinus aient vu le jour dans une série de pratiques d’art lumineux, l’artiste incarne de manière totalement idiosyncrasique le rêve de plusieurs avant-gardistes : la technique comme amie, le regard tourné radicalement vers le lendemain – voire le surlendemain. Il n’a plus connu l’arrivée de l’Internet et de la réalité virtuelle, ni le changement général de perspective. Entre-temps, on a l’impression que des années-lumière se sont écoulées : le passé a remplacé l’avenir et la nostalgie se substitue à l’utopie.
- Raf Wollaert
Nos remerciements vont à:
Levina Floothuis-van de Bundt, Mike Floothuis, Gerrit-Jan de Rook, Ivo Van Vaerenbergh, Lotte Beckwé, Nico Dockx et Raf Wollaert.
Avec le support de l'ambassade des Pays-Bas à Bruxelles.