Just testing with the M HKA Content!!

Nástio Mosquito - King of Klowns

Let Me Read You Roughly, 2023
Video , 16:55 min.
1 chair, 1 table, 6 frames, 6 banners, 6 ring lights, 6 tripod with ball heads

TRANSCRIPTION:
 

Laissez-moi lire en vous entre les lignes
 

[Musique]
Ma vie, est-ce vraiment vivre ? 
Ma vie, est-elle un cadeau ? 
Ma douleur, douleur osseuse fantôme
Se niche dans ma fiction 
Libérée de toute mythologie 

Ma vie éteinte, visage figé 
Comment je crie à différentes intensités 


Ma vie me convient bien, 
car si je m’arrête à la porte dérobée de la Bible 
Mes pas, la douleur n’a pas de pas 
Mythologie, douleur, 
Voir le sol se briser 

 

Je n’ai pas découvert que j’étais un tueur en raison de mes aptitudes. Je n’ai pas commencé à tuer par bravoure. J’étais triste. La tristesse, vous comprenez ? Diriez-vous qu’il y a une différence entre le mouvement et le déplacement ?

Nous avons ri. Nous avons crié avant de pleurer, avant de nous étreindre, avant le silence. Nous avons ri, nous avons dansé, plongé à l’évier, partagé des clins d’œil d’innocence et des appétits charnels. Nous rions, alors allons-y. Allons vite, ne revenons pas sur les mensonges. Seule la mémoire relate avec autant de précision. Sortez de mon champ de vision. Arrêtez la peur. Je ne suis pas fan des câlins. Vos os m’ont appris que les câlins guérissent. Je ne cherche pas la guérison. Pas de chance, vraiment.

La proposition semble être que notre réalité s’apparente à un jeu de société. Aimez les règles, les objectifs, les couleurs, les formes et la victoire. Aimez la victoire des règles, des objectifs, la victoire des couleurs et des formes. Je n’aime pas les règles, les objectifs, les couleurs, les viols. 

Fixez ma voix et discernez si vous pouvez vous permettre de ne pas me prendre à cœur, de ne pas me prendre au sérieux. Non, je n’avertis pas, je ne menace pas, je n’informe pas. Je respire. C’est de la respiration. Considérez-vous comme averti, menacé et effrayé. 

J’avoue que j’aimerais me réveiller comme ça. Mouvement, mouvement, mouvement contre déplacement. J’ai dû tuer un ami. Voilà comment ça s’est passé. 

Désolé, mon ami. C’est ici que la route s’arrête. Je n’ai pas dit cela. Il n’était pas nécessaire d’alimenter l’ego avec des phrases cinématographiques.

C’était évident. Nous n’étions plus « nous », juste « lui » et « lui avec une multitude de factures impayées au milieu d’un beau récit qui appelait un ton mélancolique. Il a été brisé par les abus que nous ne pouvons infliger qu’à ceux que nous aimons. Il existe en effet des créatures aux capacités les plus perverses, des enfoirés qui ne peuvent pas s’empêcher de gâcher une histoire d’amour.

Par téléphone ? Non, le meurtre a eu lieu en direct. Cinq témoins et tout le bataclan. Il y avait de la honte, de la colère, de l’incrédulité, de l’apitoiement, et le soulagement déguisé en : « J’espère que nous en parlerons un jour ». Oh, ce genre de soulagement déguisé était présent aussi.

Là, dans l’instant, je me sens comme je me suis senti une fois, après avoir laissé tomber un bébé. J’avais oublié que le bébé était un être vivant. Cela arrive de temps en temps d’oublier la vie. On ne fait pas tomber les bébés, non ? C’est dingue de ressentir ça à propos de soi-même.

J’imagine que les personnes qui peuvent sentir leur mauvaise haleine ressentent cela de temps en temps. Elles le ressentent pour elles-mêmes et pour ceux à qui elles imposent d’inévitables ondes sonores putrides. Une sorte de dégoût intérieur. Je n’en sais rien. J’ai lu quelque part qu’Andy Warhol était le roi de la stratégie... Je ne sais pas. Je crois que je mérite plus de... Je ne sais pas. 

Ce que nous méritons, ce que nous récoltons. Les choses que nous pensons, les choses que nous pensons vraiment, les choses que nous faisons en pensant, et puis comment nous nous sentons. Je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, cette occasion que je partage avec vous n’était pas une occasion pour, euh, je ne sais pas. Ce n’était pas l’occasion de faire de telles acrobaties. Je le savais. J’assassinais un ami les yeux grands ouverts. 

Je n’ai pas vraiment regardé ses yeux. Je ne pouvais pas détacher mon regard du sang. Il y en avait tellement. Ses puissants yeux couleur olive passèrent au second plan. Si beaux, si fluides. Je me souviens m’être dit que c’était un gaspillage de sang parfaitement sain. 

Et puis, vous savez, les assassinats. Oui, les assassinats sont comme ça. Il y a presque toujours une part élevée de déchets.

J’ai avoué que ma prochaine pensée était inappropriée pour quelqu’un en train de tuer, mais le sang. Je salive en y pensant, à la fois de dégoût et d’appétit pour la suite. Tel est le désir de ne plus être le souffre-douleur de l’être aimé. Je pense donc qu’il est tellement important de savoir comment tuer ses proches que j’ai dressé une liste.

 

[Clip vidéo cuisine]
... chez tous ces gens, si l’on touche une corde sensible à un moment donné, il se passe quelque chose. Et qu’est-ce qui se passe ? Pendant un moment... 

 

Huit points essentiels à retenir pour tuer un ami. Quelle que soit la manière, quelle que soit l’occasion, quelles que soient les circonstances. Huit choses cruciales à retenir pour tuer un ami proprement. Huit choses cruciales à retenir pour assassiner un ami efficacement, sans retour possible, et point barre. C’était un peu trop, non ? 

1. Faites-le les yeux ouverts. 

2. La clarté est la plus aiguisée des lames. Enfoncez la lame dans la chair du sujet aussi profondément que vous le pouvez. Et avant de la retirer de votre bien-aimé, tracez un huit imaginaire. Le chiffre huit. Dessinez-le. 

 3. Une fois que vous avez lâché la lame, ne regardez pas le sang qui coule. Cette merde pourrait vous foutre en l’air. 

4. Avant de vous laver les mains, assurez-vous de manger quelque chose comme un sandwich ou une autre crasse.

 5. Ne vous inquiétez pas. Votre mémoire physique et mentale vous traquera. Le degré de harcèlement de votre mémoire dépendra du degré d’ouverture de vos yeux lorsque vous avez accepté de perpétrer le meurtre. Quel que soit le moment où cela se produit - car cela se produira - acceptez la mémoire, sans lui donner la crédibilité d’une réflexion structurée.

6. Ne faites qu’un avec l’acte de tuer.

7. Vous venez de tuer quelqu’un. Ne partagez pas ce fait avec des personnes qui n’ont jamais eu à tuer un être cher auparavant. Lorsque vous partagez, ayez toujours l’estomac plein et le foie propre. 

8. Rappelez-vous : vous n’êtes pas seulement capable de tuer, vous êtes prêt à tuer et vous tuerez à nouveau. Il n’est pas certain que vous y prendrez plaisir, mais vous tuerez à nouveau. 

Voir le meurtre comme une valeur est plutôt glauque, non ? Tuer par nécessité n’est pas vraiment engageant. Tuer, mourir. Dispo pour ça, avec les moyens de le faire. Je sais que c’est un peu loin de nos esprits et, vous savez, la fameuse pandémie, cette façon de tuer les gens, de tuer des perspectives, des possibles, de la mobilité, qu’il s’agisse d’un mouvement ou d’un déplacement.

Lorsque la pandémie a commencé, j’étais à Acapulco. J’avais une liaison. 

 

[Musique] 

 

Des leçons tirées, je suppose, non ? Comment voyez-vous votre histoire ? Que vous arrive-t-il ? Prenez-vous tout ce qui vous arrive et en faites-vous quelque chose ? Je trouve toujours très bizarre que nous refusions les conseils de personnes qui ont échoué dans leurs propres objectifs.

Je parlais à quelqu’un qui m’a dit : « Qui sont-ils pour me donner des conseils en matière de mariage ? Cet enfoiré en est à son troisième mariage. Qui est-il, putain ? » J’ai répondu : « C’est peut-être la personne idéale ! De qui vas-tu écouter les conseils, bordel !? »

Je ne sais pas. Je ne sais pas. Je sais que je mens beaucoup. Je sais que je suis sur une trajectoire où je mentirai avec le plus de plaisir possible. Je vais vous mentir aujourd’hui, vous mentir aujourd’hui. Je vais mentir à ceux que j’aime demain et après-demain et encore après-demain. Et cela doit me procurer une certaine forme de réconfort. Quand vous mentez, vous le faites bien ? Quand vous mentez, vous le faites bien ? En faveur de quoi mentez-vous ? 

Vanité. Vanité des vanités. Tout n’est que putain de vanité. 

Je ne sais pas. Je ne sais pas. Pour autant que je sache, ils ne se sont jamais rencontrés. Mais comme je l’ai dit, je ne sais pas. Il a fallu tant de béton pour bâtir la réalité. Tant de sang pour l’entretenir, tant de sueur pour la faire briller, tant de piqûres aux yeux pour qu’elle respire d’elle-même. 

Vous savez, je ne sais pas. Je veux vous souhaiter du bon temps. Oui, du bon temps avec votre famille, vos amis, vos collègues. Vous savez. Le plus important est le temps. Non, je ne sais pas.

Soyez authentique, d’accord ? Soyez original, d’accord ? Soyez excitant, d’accord ? Soyez nouveau, soyez baisés, donnez-nous ce que vous voulez. Qu’avez-vous à dire ? C’est votre voix personnelle. C’est quoi, l’histoire ? Vous seul pouvez la raconter. Il y a quelque chose que vous seul pouvez donner. Il y a quelque chose que vous êtes le seul à avoir. Fais la queue, enfoiré, fais la queue. Vous êtes unique comme un enfoiré. 

« Vanité, tout est vanité », dit-on. Et avec elle, je suppose, le chagrin de la sagesse. Je ne sais pas pourquoi je pense que c’est une question importante : « Pour quoi sommes-nous prêts à mourir ? » Ne pas avoir de réponse à cette question est tragique, je dirais. « Pour quoi êtes-vous prêts à mourir ? Êtes-vous prêt à mourir pour quelque chose ? »

Spectateur : « Bien sûr. »

« Oh, merde, on a une réponse, enfoiré. Bien sûr, qui est prêt à mourir pour quoi ? » 

Spectateur : « Pour mes enfants. » 

« Vous êtes prêt à mourir pour vos enfants ? »

Spectateur : « Bien sûr.»

« Pourquoi ? »

Spectateur : « Parce qu’ils vivront plus longtemps que moi ».

« Oh, la barbe. Vos enfants sont de mauvaises personnes. Vous n’en savez rien. Vous ne savez pas qui ils sont. Non, non, je suis sérieux, d’accord ? Parce qu’ils sont plus jeunes, vous dites. » 

Spectateur : « Oui. »

« Parce que vous les aimez ? »

Spectateur : « Non. » 

« Vous ne les aimez pas ? Alors qu’est-ce qui se passe ? » 

[incompréhensible]

« Bordel. C’est un peu plus réel que ce que je pensais. J’espère qu’ils ne regardent pas cette merde ? Qu’ils croient qu’elle plaisante ou qu’elle fait n’importe quoi. Je ne sais pas. » 

Je ne sais pas si je suis prêt à mourir pour un autre humain. Comme ça. Est-ce mal à dire ? Je pense. 

Les principes. Je suppose que je suis prêt à mourir pour des idées ou des conneries du genre. Je suis prêt à mourir en allant quelque part. Je suis prêt à mourir pendant que nous construisons quelque chose. Il n’y a pas un os inconditionnel dans mon corps. Je n’ai jamais fait l’expérience de quelque chose que j’aime tellement, genre inconditionnellement, comme, je ne sais pas ce que c’est que cette merde. 

 

[Clip vidéo cuisine]
... la pomme de terre et le genre. La pomme de terre et le travail. La pomme de terre et le travail non rémunéré. La pomme de terre parmi d’autres pommes de terre. La pomme de terre épluchée et coupée en morceaux...

 

Je ne dis pas la plupart de ces conneries dans ma vie quotidienne parce que je ne veux pas être seul, vous pigez ? J’ai l’impression que nous ne disons pas beaucoup de conneries et que nous n’avouons pas beaucoup de choses que nous ressentons, pressentons et désirons parce que nous ne voulons pas être seuls. Ou peut-être même pire que seul, genre être abandonné. 

Ce qui s’abrite en moi, c’est avant tout la lassitude/fatigue. Ni de ceci, ni de cela, ni de tout, ni de rien. La fatigue, comme ça, la lassitude. Genre la lassitude. La subtilité des sensations inutiles, des passions déchaînées pour le rien absolu. Les amours intenses pour le « ça » en chacun. Toutes ces choses, ces choses et ce qui, en elles, échappe à jamais. Tout cela nourrit en moi une fatigue/lassitude. 

Sans doute, il y a ceux qui aiment ce qui n’a pas de fin. Sans aucun doute, il y a ceux qui désirent l’impossible. Il y a ceux, sans aucun doute, qui ne veulent rien de rien. Trois sortes d’êtres idéalistes parmi les trois. Moi, aucun. 

Parce que j’aime sans fin ce qui a une fin, parce que je désire le possible de manière impossible, parce que je veux tout, ou un peu plus, si c’est disponible, même si ce n’est pas disponible. Le résultat pour eux : vie vécue ou vie rêvée. Pour eux, rêve rêvé ou rêve vécu. Pour eux, le rapport entre tout et rien. C’est cela. Pour moi, seulement une lassitude massive, profonde, infertile. Une fatigue suprême, une fatigue suprême, écrasante, gigantesque.

 Je pense qu’il n’y a pas de poème que j’aurais aimé écrire moi-même plus que cette merde.

C’est d’Álvaro de Campos, d’accord ? L’un des hétéronymes de Fernando Pessoa. Ce poème m’accompagne depuis mon adolescence, il a fait avec moi la transition entre le suicide et...

Pendant longtemps, j’ai eu besoin de dire que je m’intéressais à des choses dont je n’avais rien à foutre. Non pas parce que ce n’est pas important, non pas parce que ça n’a pas d’importance. Je m’en fous, c’est tout. Cela pourrait me mettre dans un sacré pétrin, exclu. Si je dis de la merde, par exemple, imaginez que je débarque en disant : « Putain, ce type n’a rien à faire avec moi. » Putain de noir, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain, putain. Je veux faire des vidéos sur les nuages et tout ça. Putain, je ne travaille plus. 

Mais d’accord. Je vous affirme que si vous vous souciez uniquement de ce qui vous intéresse vraiment, vous vivriez une vie meilleure. Tout ce que vous avez à dire : « Ce n’est pas à moi. Ce n’est pas à moi. C’est à vous. Votre douleur, votre récit, votre putain de sens de soi, emballés dans des quantités lustrées de bien faire, de bien se tenir et de virer à droite sans prendre en compte ce qu’aller à la gauche apportait. Parce que c’est vrai, vous y avez goûté, non ? »

Mais comme je le disais, je disais juste que ce n’est pas à moi. Ce n’est pas à moi. La frontière du bien est mince lorsque le confort est si absolu. Je dois exprimer l’insulte qu’a été cette confusion : insulte, insulte, torture, illusion de contexte masquée par le dilemme de la bonne chose à faire.

Qui sait ce qu’il faut faire, putain ? Se barrer d’ici. La bonne chose à faire ? Foutre le camp d’ici. Comme la bonne chose à faire. Qui sait ce qu’il faut faire ? Putain de merde.

C’est ce que l’on exige de nous : la bonne chose à faire. Comme l’affirmation d’être du bon côté de l’histoire. Le bon côté de l’histoire. J’ai écrit une lettre à un ami pour lui dire : « Tout ce que je veux, c’est participer. » Qu’est-ce qui a participé ? Disney a participé. Putain de merde ! Hitler a participé. Je veux participer, c’est tout. La bonne chose à faire ? Le bon côté de l’histoire. Le bon côté de l’histoire.

Non, pour l’amour du ciel, non, je voudrais rencontrer le bon côté de l’histoire. Nous avons des enfoirés, toutes structures confondues, qui expriment qu’ils veulent être du bon côté de l’histoire ? Le bon côté de l’histoire. Non, non, votre énergie ne correspond pas à la mienne. Qu’est-ce que c’est que ce bordel, le bon côté de l’histoire ?

D’accord, je dis souvent « normalement ». Je me répète comme un enfoiré. Je me fais vieux, mais je dis : « Ma grand-mère ne connaît rien à l’histoire, putain. » Et ça ne veut pas dire qu’elle n’a aucun rapport avec le temps et l’espace. L’histoire ? Ce n’est pas la mienne. Je vous l’ai déjà dit, j’en suis sûr, vous savez ce que je veux dire, voulais dire, et refuse de répéter. 

Je pense que je veux qu’on se souvienne de moi, vous savez, quand on parle d’histoire et tout ça. Je veux qu’on se souvienne de moi. Vous voulez qu’on se souvienne de vous ? Avez-vous une relation avec votre existence aujourd’hui ? Est-ce que quelqu’un ici veut qu’on se souvienne de lui ? Personne ne veut qu’on se souvienne de lui ? Arrêtez de mentir, putain. 

Regardez ça. Bien sûr. Si ça arrive, ça arrive, ça arrive vous savez, ils se souviennent de moi, ils se souviennent de moi, ils ne le font pas, ils ne le font pas, je vis ma vie au maximum. C’est juste, c’est juste, c’est juste. Je veux qu’on se souvienne de moi. C’est pour ça que je veux mourir. Il y a certaines choses qui semblent ne venir à nous que lorsque nous mourons. J’y pense, comme le paradis et tout ce bordel. Le paradis, c’est possible ? On pourrait regarder en bas et voir si on se souvient des gens, ce serait la merde, non ? La seule raison pour laquelle le paradis serait cool. 

Vous voyez ce que je veux dire, il n’y a pas... ce genre de pression, pas de tétons, rien. Il suffit d’être et de regarder comment les gens se souviennent de vous. 

Je suis prêt à faire certaines choses ici, dans la vie, pour qu’on se souvienne de moi. C’est pour ça que j’ai commencé à mentir, d’ailleurs. Ouais, pourquoi vous mentez ? Je pense que c’est important, vous mentez. Je sais que vos enfoirés mentent. Vous ne dites rien. 

« Non. »

« Non. Merde. Mentez, c’est tout. » 

Plus. Plus de quoi ? Quand ce plus se révèle être un plus. Je suis Poème. Je suis Poète. C’est une heureuse coïncidence.

Le fait de ne pas vouloir vivre éternellement ne signifie pas que je veuille mourir de n’importe quelle façon. Je ne veux pas mourir en m’étouffant avec un os de poulet comme un chien non dressé nommé Karma. L’isolement émotionnel n’est pas un problème du genre « je suis seul ». C’est être entouré de personnes qui n’ont jamais quitté le sein de leur mère et qui aiment commander du steak. À point. Cela peut se faire avec grâce. La plupart du temps, il est simplement triste d’investir dans une communauté adulte prête à abattre une vache, mais sans personne pour faire le sale boulot.

Ils applaudissent et festoient. Boule de cristal. Les boules de cristal n’ont jamais été un fantasme d’enfant. Les soldats arrivent. Un massacre pour la justice dans l’esprit de quelques-uns. Comme des fourmis ivres, ils courent. Les balles sifflent derrière. Je le vois.

Je regarde Max’s Stahl, ça change ma vie pour toujours. Je ne suis plus un enfant. Je suis la douleur étrange des vieux. Dans un garage vide, mes larmes sont synthétisées. Les gens prient, les gens font semblant d’être morts et je ne sais pas pourquoi je m’en soucie. Je ne sais pas pourquoi je m’en soucie. Je ne vois pas d’armes. Je ne vois pas d’armes. Les gens me gagnent à leur cause. La guerre n’est pas finie. J’ai vu la machette couper la vie, atteindre la machette, échouer, l’enfant. Je ne sais pas pourquoi je m’en soucie. Je ne sais pas pourquoi je m’en soucie.

J’ai parlé à des prêtres. J’ai parlé à des curanderos, des pasteurs, des médecins de l’ouest à l’est, légaux et semi-légaux, cherchant à trouver une libération, à trouver une disponibilité pour plus, un plus qui contemple toute l’acceptation ennuyeuse d’une relation médiocre avec des rêves que je n’ai pas fabriqués, mais qui ont été canalisés à travers moi.

Une garce. Je comprends enfin l’imagerie des westerns brutaux où la magie de l’être était le cheval sauvage. Les poursuivre, vous voyez ? Vous chevauchez cette garce, les cheveux au vent... J’ai une coupe afro, ce serait, vous voyez ? Mais courir après des chevaux sauvages.

Maintenant, je comprends toutes ces mélodies. Chasser les chevaux sauvages. Expliquez-moi. Essayez de me faire comprendre. Est-ce que je m’inquiète pour vous ? Est-ce que vous allez bien ? Est-ce que ça va aller ? Non, ça ne va pas ? Vous êtes loin de chez vous ? Ça sonne bien de dire ça. Mais c’est où, chez vous ? Vous n’avez pas de maison ? Quelques maisons fiables ici et là, la famille, les vrais amis, ici et là, pas de maison. Nous ne sommes pas ce que nous aimons. Nous sommes ce en quoi nous croyons.

Qu’est-ce que je crois, qui continue à... Tout d’un coup, plus ne semble pas approprié. Plus ressemble aux fruits de la douleur, une douleur que l’on reconnaît et à laquelle on s’accroche. Ce doit être ce que l’on appelle chez soi, quelque chose de familier. Comme Bruce l’a dit, cela vous aide à vous reconnaître. Mais je me demande à quoi cela ressemble sans dysfonctionnement : le « chez soi ». Plus de quoi quand plus de quoi se révèle être un de plus. Que ce soit un de plus, je suppose. L’iPoète est prêt. Plus encore. Je ne sais pas qui a trouvé cette preuve de vie merdique, mais dites à ma mère que je l’aime profondément. Mon nom est maintenant, mon nom est ici. 

C’est l’une des nombreuses notes de suicide, vous voyez… J’imagine décider quand on commencera à se souvenir de moi. Je prendrai mon propre ticket et toute cette merde. J’ai écrit beaucoup, beaucoup de ces lettres. Dans certaines d’entre elles, je suis super gentil, d’ailleurs. Je suis tellement gentil. Je fais des listes de personnes et tout ça. Je laisse aux gens des responsabilités qu’ils n’ont pas demandées.

Plus. Un de plus. Nous voulons plus, plus, plus de joie. Plus de plaisir. Plus de relations. Plus d’impact. Nous voulons être en relation avec des choses et des personnes qui comptent. On veut faire un travail qui compte. Quelqu’un doit parler à nos cœurs et quand il les touche, il obtient le vrai nous. Lorsque les conditions sont réunies. Quand elles deviennent accessibles. Quand je comprends ce que... Non, non, oui, c’est la merde que vous devez comprendre. Quand vous comprendrez, vous ne serez plus « un de plus ». Alors, vous vous appartiendrez. 

Je ne sais pas. Je suis encore dans la partie fatigue… Je suis encore dans la partie fatigue. S’en foutre, c’est très, très, euh, fatigant. N’est-ce pas ? Rien que moi ? C’est très fatigant. 

Désolé, je sais que j’ai continué, vous savez, encore et encore et encore. Vous m’avez posé une question et je suis venu vous aider à faire vos devoirs et oui, désolé, votre question, une réponse à votre question. Oui, j’ai déjà sucé, pourquoi ? 

Plus de méchants. Je suis un tueur, et j’ai perdu. J’ai perdu.

J’avais un objectif clair. J’étais déterminé à démystifier l’identité. Je me suis dit : « Cette merde va nous tuer. » Au diable l’identité, que voulons-nous construire ? Où voulons-nous aller ? Comment on va faire, découvrons-nous les uns les autres en construisant ce qu’on veut construire. 

Cela m’a semblé être une bonne chose. C’était une bonne proposition. Je me fous du quoi, du qui, du où, du comment. Juste : pourquoi ? Pourquoi on va tout droit ? Pourquoi on tourne à gauche ? Pourquoi on monte ? D’accord, je viens avec vous. Qui êtes-vous déjà, putain ? Vous savez ? 

Mais j’ai perdu, j’ai perdu, j’ai perdu. Vous, les enfoirés, vous aimez vos identités et toutes ces conneries. 

D’accord, c’est juste. C’est juste. Il y a quelque chose d’important dans le fait d’admettre sa défaite. Il y a quelque chose d’important dans le fait de déclarer ce que l’on veut et de ne pas l’atteindre. Eh bien, ils n’atteignent pas une partie juste une conséquence, je l’espère. Vous réalisez ce que vous voulez pour vous-mêmes et basta.

Il y a quelque chose d’extrêmement précieux dans le fait de déclarer ce que l’on veut et de se lancer à fond. 

Voici un texte de Khalil Gibran : 

Défaite, ma Défaite. 

Bon sang, juste ces conneries. Ma défaite, ma défaite. Vous savez, l’intimité de votre tentative, comme la profondeur de votre engagement, merde. 

Défaite, ma Défaite, ma solitude et mon isolement ;

Tu m’es plus chère que mille triomphes,

Et plus douce à mon cœur que toute la gloire du monde.

 

Défaite, ma défaite, ma connaissance de moi-même et mon défi.

Par toi je sais que je suis encore jeune et agile,

Et que je ne dois pas me laisser piéger par des lauriers éphémères.

En toi j’ai trouvé l’isolement

Et la joie d’être fui et méprisé.

 

Défaite, ma Défaite, mon épée étincelante et mon bouclier,

Dans tes yeux j’ai lu

Qu’être couronné c’est être asservi,

Qu’être compris – enfoirés - c’est être rabaissé,

Et qu’être saisi, c’est atteindre sa propre plénitude,

Et qu’être tel un fruit mûr, c’est tomber et être consommé.

 

Je veux être compris, bordel. Vous comprenez-vous vous-même ? Personne ne vous comprend. Ils peuvent accepter de vous aimer. Ils peuvent faire de la merde ensemble. Je peux vous célébrer. Je n’ai pas besoin de vous comprendre. Je ne me comprends pas moi-même, bordel. Genre quoi, qu’est-ce que, qu’est-ce que ?

 

Qu’être compris, c’est être rabaissé,

Et qu’être saisi, c’est atteindre sa propre plénitude,

Et qu’être tel un fruit mûr, c’est tomber et être consommé.

 

Défaite, ma Défaite, ma courageuse compagne,

Tu dois entendre mes chants, mes cris et mes silences ;

Nul autre que toi ne pourra me parler du battement d’ailes,

De l’urgence des mers

Et des montagnes qui brûlent dans la nuit

Et toi seule, tu pourras gravir mon âme rocheuse et escarpée.

 

Défaite, ma Défaite, mon courage immortel,

Toi et moi rirons ensemble avec l’orage,

– Putain, je reprendrais Khalil en ad lib, mais... merde. 

 

Ensemble nous creuserons des tombes pour ce qui meurt en nous,

Nous nous tiendrons au soleil avec ardeur

– Oh, putain —

Et nous serons dangereux.

 

Ooh, merde, vous voulez qu’on vous comprenne ? Je préfère être dangereux. Oh, merde, je suis genre, nous allons être dangereux. Oh, soyez dangereux, enfoirés. Soyez dangereux, soyez dangereux, soyez dangereux, soyez dangereux. Envoie la sauce, mon gars. 

 

[Musique]

Je t’en supplie, ne fais pas de moi un Robert Johnson
Je te supplie de prendre l’argent.
Laisse mon âme en paix. 
Ma sueur si salée. 
Tu veux en donner le mérite à la mer ? 
Est-ce une peau ? Est-ce les yeux ? Est-ce la démarche ? Dis-moi, qu’est-ce qui est si difficile à voir ?
Je me battrai, je ne sais pas si j’ai raison.
Je me battrai pour avoir le droit de mener un bon combat.
Non, non, donnez-nous le droit. 
Libre, rien de plus que calme et bon, se faire petit, rien, couler librement.
Je suis liberté et libre, j’aime et je suis amour.
Il est temps que nous réalisions que la coupe ne contient que la boisson. 

Maintenant, la vie est finie.
La vie est partie pour une monnaie de chatte à bite. 
Arrêtez d’y mêler le diable, je vous le dis. 
La vie d’un homme au prix d’une émotion.
La vie d’une femme au prix d’un défi. 
Non, nous ne supplions plus. 
Nous n’implorons plus Dieu. 
Nous n’implorons plus la pitié, épargnez-nous la pitié   
Nous regardons les hommes dans les yeux.
On regarde un homme dans les yeux, avec un fusil braqué, et on lui demande s’il veut qu’on supplie à plusieurs.
Comme un amant qui règle le loyer, vous voulez qu’on supplie ensemble. 
Il semble que vous ne m’ayez pas entendu. 
Je peux payer mon propre loyer maintenant. 
Oh route, douce route, douce route.  
Libre, rien de plus qu’aller et venir.
Comme l’amour, rien, libre de s’écouler.
Je suis liberté et libre, j’aime et je suis amour. 
Il est temps que nous réalisions que la coupe ne contient que la boisson. 


Concept & development by Nástio Mosquito with input by Francisco Antão

Writing* & performance by Nástio Mosquito

Dramaturgy by Jörg Albrecht

Graphic design by Eva Gonçalves

Scenography by Studio Mimese 

Technical set up by Brigitte Hamar, Dennis Kipp 

Recorded at Bennohaus, Münster, by Caroline Wart in May 2023

Camera by Marten Bothe, Franka Fingerscheidt, Paula Brieden, Clara Koßmann, Phillip Wachowitz

Photography direction by Emil Koltermann

Sound direction by Jana Stegemann

Video team management by Noah Weckenbrock

Video edit by Phillip Wachowitz 

Sound post-production by Gernot Fuhrmann

Project coordination by Sophie Stroux for Burg Hülshoff & Godelieve Mosquito for ZZZZZ Creative Solutions

Coproduction with Burg Hülshoff – Center for Literature 

within the framework of the project Mit Gespenstern leben (haunting|heritage) 

Funded by the German Federal Cultural Foundation, the Ministry of Culture and Science of the State of NRW within the programme ‘Regionales Kultur Programm’, by Commerzbank-Stiftung and Kunststiftung NRW.