Sanguine/Bloedrood. Luc Tuymans on Baroque

La flagellation du Christ est l’une des grandes œuvres tardives du Caravage. Il s’agit de la seconde commande la plus importante qui lui ait été faite à Naples, après celle des Sept œuvres de Miséricorde pour l’église Pio Monte della Misericordia. Le Caravage s’est établi à Naples au début de l’automne 1606 et à peine un an après sa fuite de Rome, il y est déjà un peintre célèbre et très sollicité.
La flagellation du Christ est une commande de l’ambitieuse famille De Franchis qui souhaite impressionner son entourage avec un retable monumental dans sa chapelle de l’église San Domenico Maggiore. Le Caravage ne les a pas déçus. On a rarement vu un Christ représenté de manière plus imposante et plus physique. Uniquement vêtu d’un pagne, il expose une musculature qui ressemble plus à celle d’un athlète que d’une divinité. Mais il porte sa couronne d’épines et son destin avec dignité. Malgré la brutalité avec laquelle les trois personnages au teint basané, les bourreaux de Ponce Pilate, l’assaillent, l’empoignent et le ligotent, dans la puissante lumière qui tombe de haut en bas sur son corps divin et sa peau pâle, il souffre avec résignation, presque avec recueillement.
En 1972, le tableau a été déplacé de l’église San Domenico Maggiore au magnifique Museo di Capodimonte, sur la colline de Capodimonte d’où l’on a une vue imprenable sur la ville et sur la baie de Naples. En 1998-1999, le tableau a été restauré en profondeur. L’athlète du Caravage se porte comme un charme.