EXTRA MUROS: Visite Arenbergschouwburg: ARTBERG
Ben, le nom que l’artiste s’est lui-même donné, doute de tout. Il est d’avis qu’un artiste peut tout transformer en (sujet de son) art – même les actions humaines les plus simples et les objets ou les événements les plus banals –, bien qu’il lui arrive aussi de remettre ce principe en question. Ainsi, il n’hésite pas à faire du sol, du mur et même de nous son matériau de travail, comme dans Moi Ben, je signe. Il donne forme à ses idées, ses doutes, ses slogans et ses aphorismes, entre autres, dans des inscriptions peintes ou écrites à la peinture blanche sur fond noir (ou vice versa). Il a réalisé son premier tableau de ce type en 1959, en réaction à un confrère artiste qui n’était pas satisfait d’exposer avec lui. Ben a alors accroché un tableau sur lequel on pouvait lire en grandes lettres : « Je suis un peintre raté ». À travers ses œuvres, Ben tente de faire réfléchir le public au rôle que les artistes s’attribuent et au sens de l’art, aussi bien dans le monde restreint de l’art que dans l’ensemble de la société. Depuis le début de sa carrière artistique, il est aux prises avec la compétition et à l’affirmation de soi agressive qui domine le monde (de l’art) et c’est précisément à cela qu’il souhaite réagir à travers ses œuvres. Des textes comme L’Art est impayable et Il n’y a pas de culture sans avant-garde parlent d’eux-mêmes. La signature est très importante dans son œuvre. « Chaque artiste cherche à se différencier des autres artistes avec un catalogue de produits qui lui serait propre. Pour cela, la plupart du temps il se servira de la signature et de la date : signature voulant dire “c’est moi qui l’ai fait” et la date : “je l’ai fait avant un autre”. (…) Même le plus altruiste des artistes signe et date. Plus on creuse, plus on gratte, plus on trouve de l’ego. » (Théorie de l’ego par Ben) L’œuvre de Ben n’a cependant plus besoin de signature, car son écriture est devenue une marque de fabrique en soi.