Les lettres que James Lee Byars a écrites au crayon sur un cure-dent correspondent à : The First Totally Interrogative Philosophy [La première philosophie totalement interrogative]. Selon ce sculpteur et artiste de la performance états-unien, son œuvre offre un espace à la réflexion, un lieu où poser des questions est plus important que donner des réponses. Pour Byars, les réponses sont des constructions idéologiques, des solutions qui éliminent de nouvelles questions. Avec TH FI TO IN PH, il répond à des questions autonomes par d’autres questions. L’artiste souhaite ainsi libérer les images conceptuelles de leurs contraintes et créer une ouverture à l’absolu. Cette aiguille en or et ce cure-dent peuvent aussi être vus comme des symboles de l’absolu. Byars aimait travailler avec des objets quotidiens, mais les plaçait dans une sphère mystique. En d’autres mots : il combinait le temporel et le spirituel. Sur leur fond noir, l’aiguille et le cure-dent émergent comme des entités mystérieuses. De ce fait, nous pouvons être témoins de moments inattendus de perfection, ce qui caractérise l’aspiration de Byars : un de ses projets inachevés est une aiguille de 333 mètres de long qu’il désirait installer à Berlin. Cette œuvre gigantesque devait s’élever jusqu’aux nuages, mais devait à la fois être considérée comme un rayon lumineux qui descend du ciel. La devise de James Lee Byars « announce the perfect until it happens » [Annoncez la perfection jusqu’à ce que celle-ci se produise] peut certainement s’appliquer à ces objets – dont l’aiguille constitue la plus petite pièce de la collection du M HKA – à travers lesquels Byars a tenté de rendre l’impossible possible.