Leon Van Essche

Le poète expérimental et artiste plasticien Leon van Essche suit des cours de peinture à l’Académie d’Anvers pendant les années 1935-36 et aussi plus tard en 1956-57. Il a toutefois toujours été fortement intéressé par la richesse et les possibilités visuelles de la langue et du langage visuel. Il s’inspire du mouvement Fluxus pour devenir l’un des pionniers de la poésie concrète et visuelle en Belgique. En 1962, il cofonde la revue alternative et néo-expérimentale littéraire « Labris », qui comprend de la poésie inspirée par le jazz et qui est surtout connue pour sa conception poétique extrêmement hermétique et pure.
En 1937, Leon van Essche est recruté par la Compagnie Maritime Belge (CMB), ce qui lui permet de voyager dans le monde entier. Il visite notamment New York, Alexandrie, Tel-Aviv, Alger, Gibraltar et l’Afrique du Sud, avant de mettre un terme précoce à sa carrière dans la navigation en 1949 en raison de problèmes de diabète persistants. Il sombre dans la pauvreté et essaie de survivre avec son indemnité de maladie. Entre-temps, il essaie tant bien que mal de poursuivre ses explorations littéraires. La dure réalité de la vie est clairement exprimée dans son écriture graphique qui se caractérise par des poèmes imagés, mystérieux et presque illisibles qui prennent la forme de compositions abstraites, géométriques et psychédéliques avec des dessins réalisés avec des lignes et des points. Dans le même temps, il développe également une œuvre plastique qui s’inspire fortement des traditions ésotériques et occultes, ce qui l’enveloppe d’une certaine aura énigmatique et mystérieuse.
Lorsqu’il publie son recueil poétique « XIII Kankerremedies » [Remèdes contre le cancer XIII] en 1960, l’artiste poète et éditeur Paul de Vree réagit positivement : « La poésie de Van Essche est pure et il manipule le matériel linguistique comme des puzzles et des mots croisés. Pour ma part, je trouve que la poétique de Van Essche est en partie purifiante par rapport au charabia moderne et traditionnel. »
Leon van Essche continue de peindre, d’écrire et de publier dans diverses revues littéraires jusqu’à son décès en 1993, mais il reste toutefois plutôt discret en tant qu’artiste de la langue. Afin d’éviter de perdre son indemnité d’invalidité, il décide en 1963 de ne plus exposer ou vendre son travail. Il se concentre sur son œuvre papier (dessins et travaux avec une machine à écrire) qui est publiée dans la revue Labris, son unique moyen de communication. En 1981, le Centre culturel international d’Anvers dédie une exposition à son travail. L’artiste sélectionne lui-même ses œuvres les plus importantes et colle les originaux sur des panneaux en carton pour donner un aperçu de ses expériences visuelles mystérieuses et de sa pratique énigmatique.
HW