Juan d' Oultremont
Juan d’Oultremont est un artiste multidisciplinaire qui est devenu connu grâce à diverses disciplines comme la performance, l’écriture, la musique, la photographie, la bande dessinée, l’animation radio et sa passion compulsive de « collectionneur de collections ». Après ses études de peinture dans l’atelier bruxellois de Marthe Wéry, Thierry de Duve et Pierre Carlier, il crée en 1975 le mouvement international Cissiste. En 1977, il reçoit le Prix de la jeune peinture Belge et il est récompensé pour ses talents d’auteur en 2020 en recevant le prix littéraire bruxellois Manneken Prix pour son roman Judas Côté Jardin : un roman sur sa jeunesse dans le jardin de famille à Bruxelles pendant les années 50 et 60.
Dans les médias francophones, d’Oultremont est décrit comme étant un « couteau suisse » de l’art contemporain. L’ensemble de son œuvre tourne autour de concepts tels que les souvenirs, la reconnaissance, l’authenticité versus la falsification, et surtout le rôle et le statut de l’artiste dans la société contemporaine. Il essaie régulièrement de secouer le monde de l’art et ses participants avec des interventions ludiques et/ou osées comme le projet Tre()zor en 2012, par le biais duquel il dépose chaque semaine une photo en noir et blanc d’un objet doré dans un endroit culturel en invitant les passants à la voler. Il collectionne les pochettes de disques qu’il transforme et peint à la main. Au sein du mouvement Fluxus, il réalise aussi des collages de textes et des livres d’artistes avec un humour à contre-courant. Il rédige par exemple sa propre rubrique nécrologique avec un avis signé et numéroté sur lequel est imprimé « Juan d’Oultremont est mort ». Ces éléments mettent en évidence ses nombreuses vies et sa polyvalence artistique, qui tourne selon ses propres mots autour de deux principes de base ; « Faire ce que personne ne lui a demandé de faire, et être là où personne ne se serait attendu de le voir ».
En plus d’être un auteur et un artiste, il est également un collectionneur compulsif. Il s’intéresse non seulement aux albums, aux livres ou à d’autres objets tangibles, mais aussi à des événements, à des conversations et à des rencontres. Il immortalise par exemple par écrit des conversations qu’il a eues dans la rue ou dans un taxi. « Est-ce qu’il faut du courage pour être artiste ? », demande le chauffeur. Il répond alors avec conviction : « C’est sans aucun doute un combat pour ceux qui le pratiquent vraiment, mais la notion d’art est tellement utilisée que l’on expose même des vaches en polyester. Les personnes pensent à tort que tout ce qui est absurde est de l’art. »
Sous l’appellation d’éternel collectionneur, il collectionne aussi des collections complètes. « Je collectionne par exemple des petits soldats pour jouer, mais uniquement ceux qui sont morts ou blessés, ainsi que les noms des patients atteints de tuberculose et les anciens manuels pour se familiariser avec la photographie argentique. Détenir autant de collections peut parfois ressembler à une pathologie, mais l’activité s’apparente parfois à une chasse au trésor qui reflète ma volonté de comprendre le monde à travers le prisme d’une série. »
Juan d’Oultremont essaie de montrer la sensibilité discrète des éruptions fragiles du monde qui l’entoure par le biais de l’humour, de l’ironie et de la tendresse.
HW