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Metahaven est un studio de recherche et de design établi à Amsterdam et à Bruxelles qui est créé en 2007 par le biais d’un processus d’enrichissement mutuel entre Vinca Kruk (Leiden, 1980) et Daniel van der Velden (Rotterdam, 1971). Ils étudient tous les deux à l’Académie Jan van Eyck d’Amsterdam avant de poursuivre leur formation à l’Académie Willem de Kooning. Leur œuvre plastique reflète des questions politiques et sociales par le biais de films, de livres, de divers supports numériques et d’objets graphiques produits en commun. En plus des projets de recherche internationaux, Metahaven a rédigé de nombreuses publications comme « Uncorporate Identity » [Identité non professionnelle], un projet d’anthologie pour notre époque dystopique. Le duo donne cours à la European Graduate School de Saas-Fee (Suisse) et reçoit en 2013 le prix artistique CoBRA.

Le travail de Metahaven reconnaît la frontière fragile entre l’information, la fantaisie, les faits et la fiction. Le duo spécule sur ce statut fluctuant de la vérité et sur les implications émotionnelles, technologiques et géopolitiques de celui-ci. Leur travail prend la forme d’un design et d’une image en mouvement (vidéo numérique et cinéma), où la poésie, le storytelling et un intérêt marqué pour Internet et la politique d’information constituent des éléments de liaison.

Metahaven a réalisé beaucoup de travail en dialogue avec le courant de pensée du théoricien du design Benjamin Bratton (1968, Los Angeles). Il explique que la transformation de tous les cadres d’interprétation possibles engendre un rétrécissement de l’espace critique entre la représentation et ce qui est représenté. Il est également à l’origine d’un point de vue important pour comprendre l’œuvre de Metahaven : si une interface structure nos pensées, alors la complexité contemporaine devient un énorme problème de design. Il s’agit d’un problème qui touche assurément l’artiste, car il est de nature esthétique. Le cœur de leur recherche se concentre sur la manière cachée avec laquelle les interfaces rendent la réalité abstraite et la structurent, et sur les structures de pouvoir qui se cachent derrière la formation de notre environnement numérique. Le monde se présente constamment à nous, mais ne se laisse plus fixer à la manière du vingtième siècle. Dans un mélange de critical design, de théorie et d’activisme politique, ils rendent le présent « en réseau » visible.

Metahaven crée pour ainsi dire un fossé artistique entre nos écrans et les logarithmes sous-jacents et les abstractions connexes. En enlevant les logarithmes et les structures, il est possible de voir apparaître un langage visuel éblouissant et associatif qui peut être interprété de manière tellement ouverte et large que le spectateur peut en avoir le tournis. Le nombre impressionnant de styles, de modèles et de pixels s’apparente à un bombardement visuel et auditif sur les sens. La poésie, pour la plupart de poètes russes, qui se superpose à l’image, refuse de prendre la forme d’une interprétation unique, et peut nous apporter une certaine résistance contre la manipulation massive d’information.