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Chris Reinecke

°1936
Born in Potsdam, DE
Lives in Düsseldorf, DE

« Je suis une Indienne, je suis une Vietnamienne, je suis une Allemande et je suis Chris Reinecke »

En 1961, Chris Reinecke (°1936, Potsdam) a terminé ses études à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Elle a ensuite intégré l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf, où elle a poursuivi ses études jusque 1965 dans l’atelier de Gerhard Hoehme ; un endroit où Sigmar Polke, Gerhard Richter et Franz Erhard Walther ont également été formés.

Entre-temps, elle a déjà commencé à se faire un nom avec des dessins éphémères. Plusieurs années plus tard, elle a aussi commencé à travailler avec des fils et de la laine à tricoter. Elle a commencé à explorer les codes moraux habituels notamment par le biais de son utilisation espiègle des matériaux ménagers banals, à la fois sur le sujet du genre et de la relation entre l’art et le public. 

Son œuvre Kaugummibilder  [Images de chewing-gum] (1967) invite par exemple le visiteur à coller son chewing-gum sur des pochoirs qui représentaient des paysages. Dans Umgebungskleider [Vêtements d’environnement] (1967), Reinecke a demandé à des personnes de porter des vêtements en plastique transparent sur lequel sont écrits les noms des choses que le spectateur peut voir, comme des pierres, un mur, des bâtiments, etc. Avec Klima-Tisch (1967), son objectif était également de commencer un processus d’apprentissage collectif pour susciter le changement ou au moins faire germer la volonté de changement dans les esprits des personnes. L’utilisateur de la table pouvait simuler plusieurs climats avec de la lumière colorée, un ventilateur, un grille-pain et un vaporisateur.

La phénoménologie, la détermination de la position des personnes et des choses font office de fil rouge à travers toute l’œuvre de Reinecke et correspondent à merveille au questionnement critique de la position de l’artiste et de l’art dans la société. Avant que Beuys ne déclare que tout le monde pouvait être un artiste, Reinecke déclarait dans son Überlegungen zu meinen Machwerken  [Réflexions à propos de ma fabrication] (1967) que tout le monde pouvait devenir un artiste avec une perspective personnelle et autonome. Elle estimait que l’art était un moyen d’émancipation politique.

À la fin des années soixante, Joseph Beuys a fondé le parti d’étudiants allemands. De concert avec les protestations des étudiants parisiens, ceci a permis de déclencher les révoltes, notamment à Düsseldorf. Elle fait la connaissance de Beuys via son partenaire de l’époque, Jörg Immendorff. Lors de cette période tumultueuse, Reinecke a fondé la LIDL Action Room ensemble avec Immendorff, Hans-Jürgen Bulkowski et Wolfgang Feelisch. Ce groupe d’action néo-dadaïste s’est opposé à ce qui était considéré comme la mentalité élitiste de l’académie artistique. Lors de l’été 1969, le LIDL-sport est né à Anvers, sur invitation de l’espace artistique favorable au mouvement Fluxus appelé A379089. Pour cette occasion, ils organisent un match de football et une course cycliste à Anvers vers le Musée d’Art Moderne, Département des Aigles de Broodthaers.

Au cours d’une visite de musée au début des années septante, Reinecke est soupçonnée de vouloir mettre le feu au bâtiment. Comme à son habitude, elle avait de l’huile de foie de morue, des compléments de vitamines et quelque chose comme du pétrole. Après les attentats du groupe terroriste d’extrême gauche Rote Armee Fraktion, une certaine méfiance s’est installée à l’égard de l’art engagé. Afin de renforcer l’hypersensibilité, elle a décidé de lâcher une fausse souris en feu dans une exposition d’André Masson dans un musée de Düsseldorf. 

Reinecke était désabusée. L’art était impuissant face à la réalité politique. Elle s’est retirée du monde artistique. Ensemble avec Immendorff, elle a fondé le Büro Olympia. Elle a transformé LIDL en un mouvement révolutionnaire et populaire.

Son travail plus politique a alors pris le dessus, avec par exemple sa lutte pour de meilleurs logements sociaux en Allemagne. Un politicien conservateur local a déclaré qu’il fallait « simplement construire des maisons soi-même ». Reinecke a répondu à son cynisme avec un projet d’unités résidentielles mobiles. Elle a ainsi créé un cocon qu’il est possible d’accrocher entre deux lampadaires avec de la laine et un crochet. Elle a ensuite imaginé une cabine sur roues pour une personne. Ses projets n’ont malheureusement jamais été construits.

Dans un pamphlet, elle a déclaré ceci :

« Il est étonnant que personne n’ait encore commercialisé l’AIR : ce commerce garantirait la plus grande source de revenus du monde !! »

Ses idées trouvent encore un écho aujourd’hui et n’ont rien perdu de leur caractère actuel. Reinecke ne croyait pas beaucoup en une aura unique d’une œuvre d’art et en l’existence du génie artistique. « Les personnes veulent quelque chose d’unique », a-t-elle autrefois écrit, « comme un pansement sur la blessure du quotidien. Pourquoi autant de gens veulent-ils se différencier ou s’améliorer avec ce qu’on appelle le sublime ? »

Le M HKA conserve quatre œuvres de Chris Reinecke dans sa collection : Umgebungskleid (1967), Region nach oben geöffenet (1969), Appetizer (1969) et Schutz gegen Anfassen (1970). En collaboration avec l'artiste, toutes ses affiches (Schaufenster) sous le titre Mietersolidarität, ou "solidarité entre locataires", ont été numérisées, traduites en néerlandais et en anglais, et rendues accessibles sur ensembles.org.

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